jeudi 20 décembre 2012

Panne d'innovation ? Bulle financière ? Ce qui a fait la crise, Chroniques



Panne d'innovation? Bulle financière? Ce qui a fait la crise.

Plusieurs thèses récentes avancent une explication originale à la crise mondiale. Celle-ci serait due à une longue stagnation technologique de nos économies. Si c'est le cas, il faudra des réformes plus profondes que prévu.

La période de faible croissance de cette année va sans doute se prolonger en 2013, aussi s'interroge-t-on de plus en plus sur ce que réservent les prochaines décennies. La crise financière mondiale a-t-elle été un simple accroc - certes ravageur, mais momentané dans la croissance des pays avancés - ou bien a-t-elle mis en lumière un problème plus profond ?
Quelques observateurs dont Peter Thiel, l'investisseur dans le secteur des nouvelles technologies, et Garry Kasparov, le militant politique et ancien champion du monde d'échec, ont donné récemment une interprétation très radicale du ralentissement économique. Dans un livre qui va sortir prochainement, ils écrivent que l'effondrement de la croissance dans les pays avancés n'a pas pour seule cause la crise financière, mais qu'elle est avant tout la conséquence d'une longue stagnation en matière de technologie et d'innovation. Ils en concluent que si les pays avancés ne modifient pas profondément leur politique en matière d'innovation, ils ne parviendront pas à une augmentation durable de leur productivité.
L'économiste Robert Gordon pousse cette idée encore plus loin. Selon lui, la phase de progrès technologique rapide qui a suivi la révolution industrielle serait une exception de 250 ans au cours de la longue stagnation qui caractérise l'histoire humaine. Il laisse entendre que l'innovation technologique actuelle ne représente pas grand-chose, comparée à l'introduction de l'électricité, de l'eau courante, du moteur à combustion interne et d'autres innovations qui datent de plus de cent ans.
J'ai récemment évoqué la thèse de la stagnation technologique avec Thiel et Kasparov à l'université d'Oxford, ainsi qu'avec Mark Shuttleworth, pionnier du logiciel libre. Kasparov m'a demandé non sans ironie ce qu'un produit comme l'iPhone 5 ajoute à nos capacités et il a souligné que la plus grande partie de la science qui sous-tend l'informatique moderne date des années 1970. Thiel a défendu l'idée que les mesures de relâchement monétaire et de stimulation budgétaire hyperagressive destinées à combattre la récession ne visent pas la bonne maladie et sont de ce fait potentiellement très dangereuses.
Ce sont des idées intéressantes, pourtant il est presque indiscutable que le ralentissement de l'économie mondiale résulte d'une crise financière systémique sévère et non d'une crise de longue durée en matière d'innovation.
Je ne néglige pas ceux qui croient que les sources de la science se tarissent et jugent sans grand intérêt les derniers gadgets et les dernières idées à la mode qui servent de locomotive au commerce mondiale. Mais la grande majorité de mes collègues scientifiques des grandes universités s'investissent avec passion dans des projets en matière de nanotechnologie, de neurosciences ou d'énergie, entre autres domaines innovateurs. Ils pensent qu'ils changent le monde à un rythme rapide. Franchement, quand je considère la stagnation en tant qu'économiste, je suis préoccupé de constater que les monopoles peuvent étouffer des idées et que la récente prolongation de la validité des brevets exacerbe ce problème.
La récession récente tient avant tout au boom mondial du crédit qui a conduit ensuite à sa restriction drastique - c'est une évidence. Il est tout à fait possible que le boom du crédit lui-même tienne à l'excès d'optimisme qui a entouré le potentiel de croissance lié à la mondialisation et aux nouvelles technologies. Attribuer à la crise financière l'interminable période de ralentissement économique que nous traversons ne signifie pas qu'il n'existe pas d'autres effets à long terme, dont certains s'enracinent dans la crise elle-même. Le resserrement du crédit frappe de plein fouet les start-up et les petites entreprises. Beaucoup des meilleures idées et des meilleures innovations venant de ces dernières, plutôt que des grandes entreprises établies de longue date, la contraction prolongée du crédit aura des conséquences sur la croissance à long terme. Parallèlement le savoir-faire inutilisé des chômeurs s'érode. Il en est de même pour beaucoup de jeunes diplômés qui ont de plus en plus de mal à trouver un emploi qui corresponde à leurs qualifications, ce qui affecte leur productivité ainsi que leurs revenus. Même en faisant abstraction de l'évolution de la technologie, d'autres tendances à long terme telles que le vieillissement de la population dans la plupart des pays avancés affectent les perspectives de croissance.
Considérés tous ensemble, ces facteurs permettent de penser que la croissance continuera à évoluer d'un point de pourcentage en dessous de la normale pendant encore une décennie - si ce n'est plus. Si l'hypothèse Kasparov-Thiel-Gordon est exacte, la perspective est encore plus sombre, et la nécessité de réformes encore plus urgente, car la plupart des plans pour sortir de la crise et parvenir à une reprise économique durable reposent sur l'idée que le progrès technologique va susciter une hausse de la productivité.
Kenneth Rogoff

Kenneth Rogoff, ancien économiste en chef du FMI, est professeur d'économie et de science politique à l'université Harvard. Cet article est publié en collaboration avec Project Syndicate, 2012.

mercredi 19 décembre 2012

Le choc Depardieu aura-t-il le même effet que celui provoqué par Bergmann ? | Atlantico




Le choc Depardieu aura-t-il le même effet que celui provoqué par Bergmann ? | Atlantico

En France, l'affaire Depardieu rappelle l'affaire Bergmann qui s'est produite en Suède en 1976. Le grand metteur en scène de cinéma et de théâtre, accablé par le niveau de pression fiscale de son pays, avait pris la décision d'en partir pour aller vivre quelques années en Allemagne. Sa décision qui avait provoqué à l'époque un véritable drame national, a été le point de départ d'une remise en question du modèle suédois qui enflammait les imaginations des socialistes du monde entier.

Après une crise bancaire très grave et des années d'effort de tous les partenaires sociaux, la Suède est aujourd'hui en excédent des comptes courants, elle a un excédent budgétaire et a réduit sa dette en 20 ans de 90 % a 42 % du PIB tout en connaissant un quasi plein emploi. Elle  emprunte d'ailleurs aujourd'hui  à des taux inférieurs à ceux de l'Allemagne. On ne peut qu'espérer que Gérard Depardieu produise sur l'économie française les mêmes effets qu'Ingmar Bergmann il y a 36 ans !


Elie Cohen, Directeur de Recherche du Cevipof de Sciences Po est devenu  le décrypteur en chef du « Hollandisme ». Dans les colonnes du Nouvel Economiste,  il commente le Hollandisme pour tous  ceux qui n'ont pas encore perçu les subtilités de cette pensée. Il y a eu le « Hollandisme de campagne électorale » qui intégrait le programme du PS, puis est  entré en action le « Hollandisme présidentiel » dont l'affaire Mital serait la quintessence. Nous allons après la grande conférence sociale qui devrait accoucher d'un modèle de « flexisécurité à la française » découvrir enfin le « vrai Hollandisme » . Il se traduit par le fait, que dans l'opposition le PS fonctionne sur le modèle fidélité/trahison, mais que dans l'exercice du pouvoir les socialistes deviennent les vrais réformateurs du capitalisme. Tout cela n'a pas empêché Le Nouvel Observateur qui n'est pas un magazine de droite de faire sa couverture avec une photo de François Hollande la tête baissée sur « Le désaveu : du fiasco de Florange à l'échec des élections partielles »


La remise en question du modèle social français, c'est un peu la conclusion du Troisième Forum des Think Tank qui s'est tenu samedi dernier dans les locaux de la Sorbonne. Rassemblant des équipes étiquetées « à gauche » et « à droite » il y avait consensus pour estimer qu'il fallait diminuer rapidement les dépenses publiques, même si les moyens pour y parvenir différaient d'un think tank à l'autre. Tout cela ressemble qu'on le veuille ou non à un renouveau programmé de l'idée libérale. Le mot liberté contenu dans sa racine n'a jamais signifié la loi du renard libre dans le poulailler libre …


La stratégie fiscale du gouvernement est devenue insoutenable, car elle attaque l'appareil productif. On privatise le risque mais on mutualise les profits pense Dominique Reynié directeur général de Fondapol. On a besoin d'hommes et de femmes politiques courageux pour secouer les corporatismes estime Jean Philippe Thiellay Vice Président de Terra Nova. Dire la vérité aux français c'est violent, mais quand on fabrique 50 000 chômeurs par mois on n'a pas le choix pense Olivier Régis président de l'Atelier de la République. Si rien n'est fait, le modèle français se fracassera sur le mur de l'endettement et de l'atonie de la croissance considère Pierre-Mathieu Duhamel de KPMG, président du groupe Efficience de la dépense publique de l'Institut Montaigne.

Le discours de François Hollande à Château Renaud dans l'usine Gattaz est peut être le signe de sa réconciliation avec le monde de la finance…
En Europe , le sauvetage provisoire de l'Euro aura été la grande bataille de la BCE en 2012. C'est probablement la raison pour laquelle Mario Draghi Président de la BCE a été désigné « Homme de l'année » par le Financial Times.
L'Euro a été sauvé mais malheureusement, la récession s'est encore aggravée au quatrième trimestre, avec un chômage qui aura augmenté de 50% depuis 2008.  

Au cours de la dernière réunion marathon qui s'est tenue  à Bruxelles, les dirigeants se sont mis d'accord pour faire de la BCE le surveillant des banques les plus importantes de la zone Euro. C'est un pas en avant dans le processus de création d'une union bancaire, mais l'autorité monétaire n'entrera en fonction qu'en 2014.


L'Espagne continue de s'enfoncer dans la récession avec une dette qui atteint désormais 77,4% du PIB.


Aux Etats Unis, la production industrielle a progressé en décembre à son rythme le plus rapide depuis huit mois. La croissance sur la base des prévisions 2013 est bon marché avec une progression attendue des bénéfices des sociétés du S&P de 7% contre 5% en 2012. On est plutôt dans une pause de milieu de cycle, plutôt qu'au début d'une baisse nous dit Savita Subramanian de Bank of America Merrill Lynch. Les meilleures performance boursières ont  d'ailleurs été obtenues dans ce type de séquences (1985, 1995,1998 et 2003)


L'engagement de la Fed devrait encore être favorable aux actions. Elle va conserver des taux proches de zéro tant que le niveau du chômage ne sera pas revenu en dessous de 6,5% avec une inflation en dessous de 2,5%, ce qui ne devrait pas se produire avant 2015.


L'effet de la mise en exploitation des gaz de schistes sera à la base de la renaissance de l'industrie américaine. Selon Chris Wood de CLSA, cela se produira sur les dix prochaines années. Dans son papier hebdomadaire, il cite des rumeurs qui circulent dans les milieux de l'énergie,  au terme desquelles la Russie aurait financé en Europe les mouvements écologiste pour qu'ils s'opposent fermement aux gaz de schistes !


En Chine,  l'indice PMI calculé par HSBC est à 50,9 au plus haut depuis 14 mois. L'indice Shangai A remonte, mais la moyenne mobile 200 bourses doit être franchie avant d'envisager une reprise nette du marché. Pour Michael Kurtz patron de la stratégie chez Nomura le potentiel de hausse pour 2013 est de 15 à 20%. Les valeurs attractives sont selon Chis Wood de CLSA sont Baidu et Tencent dans le secteur internet. 


Au Japon, la dernière enquête Tankan qui mesure le degré d'optimisme des grandes entreprises, s'inscrit en baisse de 12 points en décembre. Shinzo Abe le leader du Liberal Democratic Party (LDP) vient de remporter une victoire éclatante. C'est pourquoi les investisseurs s'attendent  à ce que  le nouveau gouvernement prenne des mesures de stimulation de l'économie. Il a aussi dans son programme l'intention de renforcer les dépenses de l'armée et de faire modifier l'article 9 de la constitution par lequel le Japon renonce à la guerre.
Marchés actions
Milan et Madrid ont fini la semaine dans le vert. Le CAC 40 a touché un plus haut de 3643 avec un indice en hausse de 15% depuis le début de l'année, tout comme le DAX à 7600

La liste des marchés actions  à privilégier pour 2013 selon Gregory Peters de Morgan Stanley est dans l'ordre  : marchés émergents, Europe, Japon et Etats Unis


Marchés obligations


Les obligations italiennes et espagnoles méritent d'être achetées estime Gregory Peters de Morgan Stanley


Secteurs

Pétrole : la Chine réalise sa plus grosse acquisition 
China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) a  racheté Nexen au Canada pour 15,1 Md$. Petrochina, premier producteur chinois de pétrole a racheté un gisement de gaz de schistes dans l'Alberta et procédé à un investissement de 1,6Md$ dans un projet gazier en Australie. Les opérations devraient se poursuivre à un rythme accéléré car la société à l'intention d'y consacrer 60Md$ dans les dix ans qui viennent.
Les programmes d'exploration de gaz de schistes aux Etats Unis sont en train de provoquer une véritable révolution industrielle. On estime que plus de 90Md$ dvraient être réalisés par des entreprises des secteurs de la pétro chimie, des engrais, de la sidérurgie. C'est un véritable bonus pour l'économie américaine. On ne peut qu'être triste de constater que les pays, dont la France, qui ont décidé de ne même pas ouvrir le dossier des gaz de schistes sont en train de se créer un désavantage compétitif majeur dans la création d'emplois industriels.

Les prévisions d'évolution du prix du pétrole sont très contrastées. Il y a 50$ d'écart entre les prévisions hautes et les prévisions basses. L'Agence Internationale de l'Energie prévoit une demande de 660 000 baril/jour en 2013. On est très loin des prévisions des années 2008 qui anticipaient une demande de 1,3M baril/jour. Tout cela risque de se traduire par des conflits au sein de l'OPEP car il faudra faire de la place pour la hausse de la production irakienne. En effet la plupart des pays producteurs ont absolument besoin d'un prix de 100$ le baril pour équilibrer leur budget.


Thèmes

Les dix thèmes d'investissement à privilégier pour 2013 selon Bank of America Merrill Lynch sont dans le domaine de la diminution de l'endettement : le rendement (tant que les taux de la Fed seront proches de zéro), la croissance surtout dans le technologie et les marchés émergents, la qualité avec des sociétés au bilan solide ; dans le domaine de la rotation des thèmes : l'immobilier américain, les sociétés européennes, la gestion d'actif dans les marchés émergents. Ensuite l'obésité, l'indépendance énergétique américaine, la sécheresse puis la déflation/Inflation/Volatilité
Les sociétés en restructurations qui offrent les meilleures perspectives selon Hugo Scott-Gall de Goldman Sachs sont Barclays, Casino, Aker Solutions, Intercontinental Hotels Group et Veolia

mardi 11 décembre 2012

L'overdose fiscale en train de provoquer un effondrement de l’économie française | Atlantico





Alors que nous sommes en train d'assister à un véritable effondrement de l'économie française, on continue à entendre des commentaires sur le rendement de l'OAT 10 ans tombé en dessous de 2%, qui serait le signe que les marchés apprécieraient beaucoup la politique économique menée par la France !
Malheureusement, pour créer des emplois, il faut un entrepreneur qui ait envie d'investir, un banquier qui ait envie et la possibilité de prêter de l'argent et un investisseur qui ait envie de prendre du risque, car il sait que si l'entreprise réussit,  il pourra en percevoir un retour sur investissement convenable.
La politique fiscale menée par le gouvernement va pourtant à l'encontre de ces idées simples. La tranche marginale de l'impôt sur le revenu atteint maintenant 64% (= tranche marginale à 45% + surtaxe de 3% pour revenu > 250 000€+ Prélèvements sociaux de 15,5%). En Allemagne on est à 27% !
Les plus values sur titres réalisées en 2012 seront taxées globalement à 39,5% soit le taux de 24% auquel s'ajoute 15,5% de prélèvements sociaux.
La taxation du capital est alignée alignée sur  celle du travail, on va arriver à 43% dans le meilleur des cas, ce qui est une zone confiscatoire. L'UMP en a rêvé, les socialistes l'on fait, dit Alain Madelin ancien Ministre de l'Economie.
Nous avons désormais le record du monde de la taxation de la matière grise !
Quant à l'ISF il prendra désormais en compte des revenus virtuels non distribués, notamment dans le domaine de l'assurance vie.  L'ISF devrait selon Alain Mathieu Président de Contribuables Associés être rebaptisé "Incitation à Sortir de France" car pour payer l'ISF il faudrait que les "riches" dont la France a tant besoin pour investir, soient assurés sur longue période d'un retour sur investissement de 9%, ce qui est quasiment impossible à réaliser dans l'environnement actuel !

Le retour du clown est peu probable en Italie


En Italie la démission de Mario Monti change la donne européenne. Les sources de risque systémique qui s'étaient éloignées au cours des derniers mois, grâce à l'effet Draghi peuvent revenir sur les marchés à la vitesse de la lumière.  Le fait que les élections italiennes soient avancées de pratiquement deux mois n'est pas forcément une mauvaise nouvelle. Mario Monti pourrait continuer à diriger l'Italie avec le support du Parti Démocrate de Pierluigi Bersani leader du Centre Gauche qui a battu Matteo Renzi le maire de Florence. Le retour du clown Berlusconi est toutefois, selon Anatole Kaletsky de GaveKal Londres et François Chauchat de GaveKal Paris, très peu probable.
En Espagne on attend que le pays fasse appel à l'OMT en janvier…
La Grèce est en train de procéder au rachat de sa propre dette dans les marchés. Les conditions proposées feraient que 60 à 70% des Hedge Fund qui sont des porteurs  de la dette accepteraient la proposition du gouvernement grec.
En France,  le Colloque Génération Entreprise Entrepreneurs Associés (GEEA) a eu lieu, la semaine dernière à l'Assemblée Nationale. Organisé par Olivier Dassault, député de l'Oise, il avait pour thème "Fuite des entreprises, des cerveaux, des capitaux : quel avenir pour la France ?". En écoutant les intervenants on se disait qu'au train où vont les choses, il ne devrait plus rester beaucoup d'entrepreneurs en France d'ici cinq ans….
Le Crédit Impôt Compétitivité Emploi (Cice), mesure phare adoptée à la suite du Rapport Gallois fait l'objet de nombreuses critiques dont celle de Michel Rousseau Président de la Fondation Concorde. Il fait remarquer que comme le dispositif concernera la masse salariale comprise entre 1 et 2,5 fois le Smic, il bénéficiera pour l'essentiel aux secteurs de la distribution, de l'hôtellerie, de la restauration et du bâtiment qui sont déjà les principaux bénéficiaires des allègements de charges. Le Cice aura donc pour effet paradoxal d'ancrer notre appareil productif dans le bas de gamme qui ne s'exporte pas, puisqu'il ne s'adresse qu'aux salaires inférieurs à deux fois le Smic !
En Suisse, la crise de la zone Euro obère la croissance suisse. Le PIB ne pourrait croitre que de 0,6% en 2013. Comme le montre bien l'article de Roland Rossier dans le Temps, les medias helvétiques sont pour le moment surtout concentrés sur "Rubik" qui est un système imaginé par les banques suisses pour proposer à leurs clients une stratégie de "conformité fiscale".   Cela permet à leurs clients de "solder le passé" en cas de fraude ou d'évasion fiscale et de préserver l'avenir avec un impôt libératoire de 35%. Il a été signé avec le Royaume et l'Autriche, mais vient d'être rejeté par l'Allemagne. François Hollande a confirmé cette semaine à Evelyne Widmer-Schlumpf Présidente de la Confédération Suisse que la France restait fermement opposée à ces arrangements fiscaux qui prévoient un prélèvement forfaitaire à la source mais préservent l'anonymat des détenteurs de compte.
En Grande Bretagne, le ministre de l'industrie anglais  a expliqué à Arnaud Montebourg que l'industrie sidérurgique  était en grande difficulté en Europe et obligeait les sociétés du secteur s'adapter. De façon très pragmatique le gouvernement britannique a l'intention de faire en sorte que les grandes sociétés américaines (Starbucks, Amazon, Google) payent des impôts sur leur activité en Grande Bretagne.
En Europe, la production industrielle a baissé pour le neuvième mois consécutif. Cela n'empêche pas le bilan boursier d'être très positif avec + 22,9% pour l'Allemagne, 14,1% pour la France, +12,9% pour la Grande Bretagne, +4,6% pour l'Italie et -7,7% pour l'Espagne. 

Le moment de la renaissance américaine


Aux Etats Unis l'indice ISM manufacturier est passé en dessous de 50 pour la première fois depuis le mois de juillet. L'indice de confiance calculé par l'Université du Michigan  est au plus bas depuis quatre mois. Cela s'explique en grande partie par les incertitudes sur le "Fiscal Cliff", le fameux mur de la dette.
En revanche les chiffres de l'emploi ont surpris dans le bon sens avec un taux de chômage à 7,7% au plus bas depuis quatre ans. Il faut toutefois prendre en compte le fait que de nombreux demandeurs d'emploi ont cessé toute recherche car ils sont quasiment sûrs de ne rien trouver.
La croissance pourrait être forte en 2013 selon Will Denyer de GaveKal.
Oubliez le "fiscl cliff" c'est le moment d'acheter a écrit Philip Stephens du Financial Times. Quant à Christopher Potts le stratégiste de Cheuvreux, il a expliqué aux clients institutionnels de la société de courtage du Crédit Agricole en voie de rapprochement avec Kepler qu'il était convaincu que le marché américain  serait la destination privilégiée des investisseurs en 2013.
En Chine, l'indice PMI s'est inscrit à 50,6 soit un plus haut depuis sept mois. Cela s'explique en grande partie par le fait que la transition politique en Chine semble s'être déroulée de façon satisfaisante.
Xi Jinping sera le futur numéro un chinois. Il a été Président  de l'Ecole Centrale  du Parti Communiste. Il va remplacer Hu Jintao non seulement à la tête du PCC, mais aussi au poste de Président de la République. Il est considéré comme le chef de file du « Parti des Princes héritiers » qui rassemble l'aristocratie rouge. Il est marié à Peng Liyuan une chanteuse de l'armée très connue. Il représenterait l'élite modernisatrice de Shangai.
Li Keqiang, le Premier Ministre aurait été choisi pour représenter les provinces de l'intérieur beaucoup moins ouvertes au monde moderne.
En revanche, les investisseurs sont plus hésitants comme le montre le comportement de l'indice Shangaï Composite qui était au plus bas depuis quatre ans. Il a toutefois rebondi cette semaine de plus de 4%.


mercredi 28 novembre 2012

convaincre des investisseurs business angels | Le Petit Labo du Commerce




Startups, les 11 questions que se posent les business angels avant d'investir

question-startup
Investir dans une startup n'exige pas d'avoir de nombreuses informations pour se décider mais de connaitre seulement les réponses aux 11 questions suivantes.
Vous pouvez les utiliser comme trame pour faire votre document de présentation. Un slide par question est possible en choisissant un visuel adapté et en restant concis.
J'ai résumé volontairement au maximum mais je vous promets de faire prochainement un article plus détaillé avec des exemples !
C'est parti !
1.       Quelle est l'équipe ?
C'est le critère le plus important pour les investisseurs. Présentez l'équipe en mettant en avant vos compétences et votre complémentarité.
2.       Quelle est la situation actuelle ?
Dès le début de votre présentation, posez le contexte en expliquant brièvement comment agissent aujourd'hui sans votre solution les personnes qui évoluent sur le marché que vous visez.
3.       Quel est le problème ?
C'est quand même plus rassurant de savoir qu'un véritable besoin existe ! Décrivez le ou les principaux problèmes rencontrés sur ce marché.
4.       Quelle est votre solution ?
Présentez en priorité les bénéfices qu'apporte votre solution aux utilisateurs.  Ne faites pas l'erreur de commencer à trop détailler le fonctionnement de celle-ci, d'autant plus si vous n'avez que 5 minutes pour pitcher ! Pour bien comprendre, je vous invite à lire l'article sur la façon de présenter votre produit.
5.       Quelle est la taille du marché ?
Précisez qui vous ciblez avec votre offre et quel est le potentiel de votre marché. Un marché trop petit n'intéresse pas les investisseurs, n'ayez donc pas peur d'afficher votre volonté de vous implanter à l'international.
6.       Quel est votre business model ?
Il peut en exister plusieurs. Décrivez simplement celui qui semble le plus « facile » et rapide à mettre en place en sachant que, de toute manière, un business model change et s'affine au cours de l'évolution de la startup.
7.        Qui sont vos concurrents ?
La concurrence englobe tous les acteurs présents (ou qui arrivent !) pouvant détourner vos clients potentiels. Un concurrent reste un concurrent que celui-ci soit direct ou indirect.
Démontrez en quoi vous êtes innovant par rapport à eux que ce soit au niveau du produit lui-même ou de votre business model.
8.       Où en êtes-vous ?
Expliquez succinctement ce que vous avez déjà réalisé. Où en est le développement de votre produit, si vous avez déjà des utilisateurs, des récompenses, des partenariats…
9.       Quel est votre plan stratégique?
Expliquez comment vous comptez vous faire connaitre, vous développer et capter plus de clients. Démontrez que vous avez des idées pour avancer et que vous connaissez parfaitement votre marché.
10.   Quelles sont les prochaines grandes étapes ?
Présentez votre « agenda » pour les prochains mois. Cela peut être le lancement de votre offre, un recrutement clé, un événement particulier de prévu…
11.   Quel est le montant des fonds recherchés ?
Indiquez-le ainsi que l'utilisation que vous en ferez (recrutement, développement d'une nouvelle technologie, amélioration de l'offre…).
Facile non ?
En ce qui concerne votre plan de trésorerie, je vous conseille de le mettre à part ou, si vous voulez vraiment l'inclure dans votre présentation, d'en faire un très simplifié où vous indiquerez le total de vos dépenses mensuelles et les recettes que vous prévoyez.
Voila, ce n'est pas bien compliqué ! Il ne vous reste plus qu'à faire une jolie mise en forme, rendre votre présentation captivante et signer le pacte d'actionnaires !

vendredi 9 novembre 2012

Le dispositif Madelin sauvé du plafond global des niches : la Fondation iFRAP entendue - iFRAP




Le dispositif Madelin sauvé du plafond global des niches : la Fondation iFRAP entendue

C'est une très bonne nouvelle pour les créateurs d'entreprise et pour les investisseurs. En effet, l'avantage Madelin (article 199 terdecies O-A du Code des Impôts) permet actuellement aux ménages de déduire de l'impôt sur le revenu 18 % de leur investissement dans une petite entreprise sous certains critères : les versements ouvrent droit à la réduction d'impôt dans la limite annuelle de 50 000 € pour les contribuables célibataires, veufs ou divorcés et de 100 000 € pour les contribuables mariés soumis à imposition commune. L'entreprise cible doit exister depuis moins de cinq ans, compter moins de 50 salariés et réaliser moins de 10 millions de chiffre d'affaires).
Le budget 2013 prévoyait de plafonner l'ensemble des avantages fiscaux à l'IR à 10.000 euros (sauf exceptions). Or, dans Le Monde du 5 octobre 2012, la Fondation iFRAP faisait la demande expresse de sortir du plafond global des niches le dispositif Madelin :
« Toutes les mesures qui ont été prises ces dernières années (SARL à 1 euro, autoentrepreneur) sont des mesures qui favorisent la création d'entreprises non créatrices d'emplois. Alors même que la multiplication des entreprises de croissance peut être favorisée par une fiscalité intelligente drainant les investissements vers les entreprises créatrices d'emplois. L'ISF-PME a été conservé et c'est bien. Quant à l'incitation (Madelin) à investir dans une start-up une part du montant que l'on serait amené à payer en impôt sur le revenu, elle est victime d'un plafond global trop bas (10000 euros). Dans le même temps, l'incitation fiscale à investir dans les départements d'outre-mer n'est pas concernée par ce plafond, alors que cela devrait être l'inverse. »


La demande est aussi formulée en proposition n°2 de notre étude sur la compétitivité des entreprises, publiée en partenariat avec l'ASMEP-ETI : 
2. Mise hors plafond global des niches du 199 terdecies OA (avantage Madelin) qui incite à investir une partie de l'impôt sur le revenu dans les fonds propres des entreprises.

Soumettre le Madelin au plafond global des niches aurait eu un effet nocif pour l'investissement dans les PME, alors que cette mesure bénéficie aujourd'hui d'un plafond dix fois supérieur, pour un coût fiscal estimé à 150 millions d'euros en 2013. 190.000 ménages en ont utilisé ce dispositif en 2011 (24.100 ménages ont utilisé le dispositif Outre-Mer, pour un coût fiscal trois fois supérieur).
Pour être définitive, cette mesure devra encore être adoptée en séance publique la semaine prochaine. La Fondation iFRAP se félicite que le Gouvernement et la commission des Finances de l'Assemblée nationale aient compris l'incohérence de réaffirmer avec le rapport Gallois dès les premières lignes la nécessité de sanctuariser l'ISF-PME et l'IR-PME (Madelin) et dans le même temps de plafonner cette mesure à 10 000 euros par foyer fiscal au milieu d'autres dispositifs. L'idéal aurait été bien entendu de sortir totalement du plafond global des niches la mesure Madelin mais c'est déjà un premier pas. Espérons que le Sénat ne retoquera pas cet amendement.



mardi 6 novembre 2012

Une assurance crédit simplifiée pour les PME, Actualités - Les Echos Entrepreneur




Une assurance crédit simplifiée pour les PME

Coface vient de lancer une offre d'assurance-crédit destinée à protéger les PME contre le risque d'impayés. Par rapport aux contrats classiques d'assurance -crédit, cette solution « tout en un », baptisée Globalliance One, est « fortement simplifiée » tout en garantissant « un accès rapide aux services Coface pour sécuriser les transactions et assurer le développement commercial ».
Concrètement, le nouveau contrat donne accès à des services permettant aux PME « d'évaluer la qualité de leurs clients, de protéger leurs créances pour sécuriser leur trésorerie et de développer leur chiffre d'affaires ». Et pour simplifier la vie de l'entreprise, il fait l'objet d'une « tarification forfaitaire et annuelle ».
Analyse des risques pays, sectoriels et de crédit, analyse de portefeuille de risques, arbitrage de risque …. autant de prestations accessibles rapidement, promet-on chez Coface. La nouvelle offre donne notamment accès au réseau international de l'assureur crédit (base de données mondiale, 350 arbitres spécialisés par secteur). 
Surtout, la PME adhérente à Globalliance pourra être indemnisée des impayés à hauteur de 90% des créances garanties. Selon Coface, « la prime d'assurance sera toujours moins élevée que le chiffre d'affaires supplémentaire à trouver en cas de sinistre non couvert. Par exemple, pour compenser un impayé de 10 000 euros et pour autant que l'entreprise obtienne une marge de 20%, il lui faut créer un CA supplémentaire de 50 000 euros ». Presque une assurance sur la vie au moment où les défaillances d'entreprise provoquées par des impayés sont légions !

samedi 27 octobre 2012

Surmonter le problème de mesure de l'innovation | Le Cercle Les Echos




Surmonter le problème de mesure de l'innovation


Constat
• Toutes les parties concernées doivent comprendre en quoi l'innovation est importante et ce qu'elle est censée accomplir. Il est difficile de savoir si les efforts d'innovation sont efficaces et si les ressources sont judicieusement appliquées sans savoir d'abord à quoi ressemble la réussite. Les objectifs des efforts d'innovation diffèrent : essayez-vous de changer vos produits, votre culture, le monde ? Sachez ce qu'il en est avant de vous lancer.
• La mesure de l'innovation est difficile et nécessaire. Les équipes en charge de l'innovation qui ne mesurent pas leurs efforts risquent de gaspiller des ressources et, au final, de se faire damer le pion par des concurrents ou de décevoir définitivement leurs parties prenantes.
• L'utilisation d'une combinaison d'indicateurs guides et d'indicateurs témoins pour mesurer les facteurs clés dans l'environnement d'innovation (guide), des étapes clés du processus d'innovation (guide) et des résultats clés (témoin) génère de précieuses perspectives de gestion suffisamment tôt pour mieux diriger l'effort et l'allocation des ressources.
• Les mesures doivent inclure l'implication des participants, et pas seulement des chiffres. L'innovation se déroule mieux lorsque les individus consacrent volontairement leur passion et leur énergie aux problèmes et aux opportunités. Les métrologies qui se limitent à la collecte de chiffres concernant les activités ne fournissent pas une vue complète à la direction.
Recommandations
• Sélectionnez une combinaison d'indicateurs guides ciblés sur des facteurs clés de la culture de l'innovation et des aspects clés du processus d'innovation, avec des indicateurs témoins axés sur les résultats clés de l'innovation. Vous obtiendrez ainsi des perspectives cruciales sur les investissements et les efforts en matière d'innovation.
• Lorsque vous mesurez la culture de l'innovation, mesurez quatre éléments : dans quelle mesure il est prudent de tenter quelque chose de nouveau, dans quelle mesure l'entreprise est capable d'intégrer les leçons, dans quelle mesure il est clair pour les participants potentiels qu'ils doivent innover et dans quelle mesure les participants potentiels sont désireux d'innover.
• Lorsque vous mesurez le processus d'innovation, concentrez-vous sur la productivité et la qualité, notamment des métrologies telles que le rythme des innovations, l'amélioration du processus et un taux d'échec cible.
• Lorsque vous mesurez les résultats, utilisez les mêmes métrologies opérationnelles que celles dont vous vous serviriez pour toute autre activité. Assurez-vous d'effectuer la mesure avec le recul approprié, qui peut aller jusqu'à 18 mois plus tard, afin d'évaluer les résultats réels.
Analyse
Les équipes en charge de l'innovation doivent mesurer leurs efforts afin d'ajuster et d'améliorer leur approche, ainsi que de contrôler la valeur qu'elles apportent à l'entreprise. Dans le présent article, nous décrivons une approche de la mesure que les équipes en charge de l'innovation en tout genre peuvent adopter pour évaluer et améliorer leur travail. Cet article s'adresse aux équipes en charge de l'innovation d'entreprise, qu'elles soient formelles ou informelles et quel que soit leur rattachement hiérarchique dans l'entreprise.
Il est important d'avoir un mécanisme de mesure efficace, sans cela un résultat positif relève davantage d'une question de bonne fortune que de bonne gestion. Tout effort d'innovation mené sans mesure est en danger, car la réussite n'a pas été définie et est par conséquent subjective.
La mesure est également importante, car l'innovation est encline au flou. Dans bon nombre d'entreprises, c'est une initiative non définie, souvent mal comprise, qui est donc considérée avec méfiance par ceux qui réalisent les tâches habituelles.
Nous savons qu'il est difficile de mesurer l'innovation. La difficulté tient notamment aux considérations suivantes :
• Vous êtes obligé de mesurer quelque chose dont les résultats ne sont pas totalement connus ou garantis ;
• Vous devez mesurer des éléments intangibles, tels qu'une hausse de la motivation des effectifs, la cohésion d'équipe ou les effets stimulants à faire quelque chose de nouveau et de différent ;
• Vous devez trouver le bon moment. Si vous mesurez l'innovation trop tôt, vous êtes obligé de vous appuyer sur des mesures abstraites qui sont difficiles à quantifier, telles que le moral de l'équipe (plus loin dans cet article, vous verrez pourquoi vous devez le faire de toute façon), ou bien des mesures concrètes basées sur les activités (combien d'idées nous avons générées, combien d'idées ont été concrétisées, etc.). Si vous la mesurez trop tard, l'intervalle entre l'activité, l'investissement ou l'innovation initiale et son résultat final peut être tellement important qu'une intervention de la direction en sera impossible.
Malgré ces difficultés, dans la plupart des grandes entreprises, ce qui n'est pas mesuré n'a pas de valeur. Alors que faire ?
Cet article distille les pratiques émanant des innovateurs efficaces qui montrent un moyen de surmonter le problème de mesure de l'innovation. Il propose un ensemble de métrologies en trois parties créé pour prendre en compte chacun des domaines cruciaux que l'innovation doit comprendre : la culture qui engendre les idées et l'investissement (la matière première de l'innovation), le processus par lequel passent les idées (la mécanique qui transforme les idées en résultats opérationnels) et les résultats proprement dits (voir la figure 1).

La partie suivante aborde les métrologies pour chaque partie de la structure de mesure de l'innovation. Lorsque vous les envisagerez dans le contexte de votre entreprise, n'oubliez pas que tout système de mesure doit se conformer à certaines pratiques éprouvées, qu'il soit centré sur l'innovation ou non (lire la note 1).
Étape 1) Mesurer la culture : à quel point votre entreprise est-elle ouverte à l'innovation ?
Les grandes entreprises ont la fâcheuse habitude de détruire l'innovation de l'intérieur. Elles ne le font presque jamais exprès. En fait, ce phénomène se produit en dépit des demandes qu'adresse la direction aux employés pour innover davantage.
Les entreprises tuent l'innovation de manière inconsciente, car leurs activités établies habituelles (celles qui participent à la mission en cours ou à la génération de revenus) sont généralement hostiles à faire les choses différemment, même si elles peuvent en tirer un résultat supérieur.
C'est pourquoi il est souhaitable pour quiconque veut innover de créer une culture ouverte à l'innovation. L'ouverture de votre culture à l'innovation doit être contrôlée et mesurée, ce qui se fait généralement à l'aide de métrologies subjectives, et non objectives, mais c'est acceptable (lire la note 1).
Les métrologies culturelles mesurent la marge de créativité accordée aux individus (temps), leur penchant pour l'innovation (intérêt), le niveau de prévisibilité auquel l'entreprise est prête à renoncer (risque) et la capacité de l'entreprise à changer sa façon de faire au nom de l'innovation (apprentissage).
Dans ce sens, vos métrologies culturelles doivent être essentiellement individuelles, posant les questions suivantes.
• Dans quelle mesure est-il prudent de tenter quelque chose de nouveau ? C'est une bonne estimation de la tolérance au risque et de l'intérêt des participants.
• Dans quelle mesure l'entreprise est-elle capable d'intégrer les leçons ? Cette question permet d'estimer la capacité de l'entreprise à changer.
• Dans quelle mesure est-il clair pour les participants potentiels qu'ils doivent innover ? Cette question évalue les niveaux d'intérêt à la fois de la direction et du personnel. Toute différence de point de vue entre ces parties prenantes doit être rectifiée si vous espérez créer l'innovation.

• Quelle marge de créativité est laissée aux individus ? Cette question évalue l'engagement de la direction vis-à-vis de l'innovation et la tolérance de l'entreprise à certains échecs (voire leur recherche pure et simple) au nom de l'innovation.
• À quel point est-il difficile pour un employé de consacrer du temps et de l'argent à une nouvelle idée ? Gary 

Hamel, auteur de "La Fin du management : inventer les règles de demain", remarque qu'une bonne estimation de l'engagement d'une entreprise envers l'innovation est le nombre d'obstacles qu'un employé doit surmonter pour obtenir une petite somme d'argent (disons quelques milliers de dollars, livres, euros ou équivalent) et pouvoir débloquer environ 20 % de son temps pour le consacrer à une nouvelle idée. Si vos employés de première ligne doivent passer par d'innombrables niveaux d'approbation, il est peu probable que vous innoviez au plein potentiel de votre entreprise.
L'utilisation d'une échelle simple de 1 à 10 (où 10 correspond au plus élevé et 1 au plus bas) pour évaluer ces quatre questions, une fois par semaine ou par mois, par un groupe combinant des innovateurs, des participants cibles et des responsables, peut donner une bonne représentation de l'état de la culture.
Discutez par avance de ce que votre équipe fera pour relever vos scores en matière de culture. Pouvez-vous créer un espace physique distinct de l'environnement de travail habituel et considéré comme plus sûr ? Pouvez-vous lancer un événement dédié à l'innovation, comme l'a fait Allstate, pour changer la culture afin qu'elle soit moins guindée et plus aventureuse ? Pouvez-vous demander aux responsables de participer de manière plus visible ou de modifier la façon dont ils communiquent sur l'innovation ? Pouvez-vous changer la façon dont les cadres intermédiaires sont motivés à récompenser l'innovation ?
Le tableau 1 inclut des exemples de métrologies visant à évaluer l'ouverture de votre culture à l'innovation.

Une remarque sur la culture de l'innovation et les cadres intermédiaires : dans beaucoup d'entreprises, les études révèlent que les cadres intermédiaires constituent un goulet d'étranglement pour l'innovation, car ils sont soumis à une forte pression pour produire des résultats rapidement, courent généralement après le temps et ont un objectif opérationnel à court terme. 
Si vous essayez de changer la culture de votre entreprise pour qu'elle soit plus propice à l'innovation, veillez à envoyer un message très clair aux cadres intermédiaires pour qu'ils comprennent qu'on attend d'eux qu'ils encouragent l'innovation et l'expérimentation, et que cette attitude sera récompensée, quand bien même les efforts se soldent par un échec. N'essayez pas de changer la culture sans un minimum de soutien de la part des cadres intermédiaires.
Étape 2) Le processus d'innovation : que faire avec une nouvelle idée ?
Les métrologies du processus mesurent le travail d'innovation, depuis la collecte d'une idée au stade embryonnaire jusqu'à sa transformation en une innovation génératrice de valeur. Dans ce domaine, nous mesurons l'état du processus d'innovation proprement dit et la productivité de l'équipe. Nous partons ici du principe qu'il y a un processus en place. Il n'est pas nécessaire qu'il soit de grande ampleur et compliqué, mais les participants doivent au moins savoir que faire avec une nouvelle idée et ce qui se passera le moment venu.
Comme les métrologies du processus d'innovation sont un indicateur guide des résultats de l'innovation, nous sommes obligés de remplacer une évaluation des résultats concrets par un dénombrement des activités, ce qui implique de mesurer des éléments tels que les suivants : combien d'idées ? Combien de temps a-t-il fallu pour que les idées arrivent au bout du processus ? Combien d'innovations en ont résulté ? De telles mesures sont un substitut à court terme à l'association de métrologies à des résultats spécifiques, tels qu'une hausse des ventes ou une diminution du délai de commercialisation, qui arrive plus tard.
Métrologies de la productivité des processus : combien d'idées ?
Si les métrologies de la productivité ne doivent pas être entreprises par elles-mêmes, vous devez quand même évaluer le degré d'innovation produit par le processus, étant donné que les métrologies de la productivité sont généralement plus "connaissables" que les mesures qualitatives telles que l'implication (voir le tableau 2).
Les métrologies de la productivité dénombrent les activités, en mesurant des choses telles que le temps qu'il faut à une idée pour venir à bout du processus d'innovation (rythme), le nombre d'idées prises en compte (potentiel d'innovation total) et le nombre d'idées qui sont transformées en innovations (taux de conversion).

Métrologies de la qualité des processus : que vaut votre processus ?
Cet élément des performances d'innovation s'attache à la qualité du processus d'innovation proprement dit. La qualité des étapes sous-jacentes, sa portée et la capacité à améliorer le processus sont toutes mesurées (voir le tableau 3).

N'oubliez pas qu'il vaut mieux quelques métrologies efficaces qu'une flopée de métrologies médiocres. Les exemples que nous avons cités ont pour objectif de vous aider à sélectionner judicieusement celles qui auront le plus grand impact.
Étape 3) Résultats de l'innovation : la récompense finale
La chose la plus importante à mesurer pour une équipe en charge de l'innovation est la qualité des innovations issues de son initiative. Toutefois, il s'agit d'un indicateur témoin. Dans la réalité, il est possible qu'il n'y ait pas de visibilité directe entre un projet d'innovation, son déploiement et son avantage ultime pour l'entreprise. Il peut même falloir des années avant que des mesures puissent être effectuées dans ce cadre.
Dans la mesure du possible, mesurez la qualité, plutôt que la quantité, des résultats de l'innovation. Par exemple, vous pouvez mesurer le nombre d'innovations réussies après trois ans. Si cela n'est pas possible, passez à une analyse quantitative, telle que le nombre d'équipes de ventes sur le terrain qui ont adopté une innovation. La mesure des résultats inclut également la mesure des avantages financiers de l'innovation, tels que le retour sur investissement, ou l'obtention d'avantages opérationnels tels que le raccourcissement de la durée des cycles (voir le tableau 4).
Autant que faire se peut, utilisez les mêmes métrologies pour les résultats de l'innovation que celles dont vous vous serviriez pour toute autre initiative. Toutefois, assurez-vous qu'au moins certaines de vos métrologies capturent les avantages stratégiques, tels que les innovations qui améliorent le positionnement stratégique (comme celles décrites dans "L'Exigence du choix : trois disciplines de valeur pour dominer ses marchés", de Michael Treacy et Fred Wiersema), ou à avoir des métrologies qui mesurent les leçons qui ont été tirées des échecs. Souvent, un résultat négatif dénote un changement dans les indicateurs guides, tels que dans la gouvernance, l'équipe, la culture ou le processus entourant le résultat. Qu'est-il possible de modifier pour la prochaine fois ?

Conclusion
Même s'il est difficile de mesurer l'innovation, faites-le quand même. Mesurez dans trois domaines : la culture de l'innovation (un indicateur guide de résultats), le processus d'innovation (un autre précieux indicateur guide de résultats) et les résultats de l'innovation proprement dits (un indicateur témoin, mais qui paie pour l'ensemble du processus d'innovation). 
Ce faisant, soyez prêt à combiner des chiffres objectifs avec des mesures subjectives telles que le ressenti et le moral. Séparez toujours les métrologies pour la culture et le processus des innovations proprement dites. Autant que possible, utilisez des mesures opérationnelles habituelles pour mesurer les résultats de l'innovation.
N'oubliez pas : avant de commencer, soyez clair quant aux raisons pour lesquelles vous innovez, à la façon dont vous saurez que vous avez innové et ce que vous ferez pour apporter des changements en conséquence de ce que vous avez mesuré.
Témoignages
Étude de McKinsey sur les cadres intermédiaires et l'innovation, demandes de renseignements de clients et missions dans toutes les principales régions. (Lire l'article "Leadership and Innovation", de Joanna Barsh, Marla M. Capozzi et Jonathan Davidson, McKinsey Quarterly, janvier 2008.)
Note 1
Comment concevoir une métrologie vraiment efficace : demandez d'abord "Pourquoi ?", puis "Comment ?", et enfin "Quoi ?"
La conception d'une bonne métrologie de l'innovation nécessite que vous répondiez à trois questions : "Pourquoi ?", "Comment ?" et "Quoi ?".
• Pourquoi innovons-nous ?
• Comment saurons-nous que nous avons réussi ?
• Quelle sera la mesure ?
Le pourquoi répond aux questions suivantes : pourquoi innovons-nous ? À quoi ressemble la réussite ? Il est difficile de concevoir des métrologies de l'innovation efficaces si vous ne savez pas pourquoi vous innovez.
Les points à prendre en compte dans cette catégorie incluent les suivants.
• Essayons-nous de modifier la manière de penser et de travailler de notre entreprise, en d'autres termes, sa culture ? Si oui, quelle importance entendons-nous accorder aux idées qui changent la donne, plutôt qu'à celles qui se contentent de l'améliorer ?
• Utilisons-nous l'innovation principalement pour donner à notre département un renouveau vis-à-vis du reste de l'entreprise, ou bien en tant que mécanisme pour aborder des problèmes qui sortent du cadre des activités normales ? Comment cela affecte-t-il nos priorités ?
Les bons programmes d'innovation ont un objectif précis. Ils évitent d'essayer d'en faire trop à la fois. Sachez quels objectifs sont prioritaires et lesquels sont secondaires. Voici quelques exemples de réponses à la question "Pourquoi innover ?"
• "Parce que nos clients ne sont jamais satisfaits. Si les commerciaux n'apportent pas d'amélioration à notre offre chaque année, nous perdons des clients au profit de la concurrence ou sommes forcés d'accepter un tarif inférieur au renouvellement du contrat."
• "Parce que nous devons atteindre notre objectif sur cinq ans consistant à atteindre une marge d'exploitation de 20 %, soit la plus élevée de notre industrie, et cela est impossible à obtenir par de simples réductions."
• "Parce que notre industrie est une industrie de talents, nous voulons ce qu'il y a de meilleur et ces talents ne voudront pas travailler pour nous si nous ne leur offrons pas un environnement de travail dynamique et considéré comme l'endroit où les leaders veulent développer la profession."
• "Parce que les temps sont durs pour cette industrie et que l'on nous a indiqué que nous devons faire avec un budget fixe pendant au moins les trois prochaines années. L'innovation est le seul moyen de progresser avec les mêmes ressources."
Le comment s'attache aux façons dont vous saurez que vous avez atteint votre objectif. Les points à prendre en compte dans cette catégorie incluent les questions suivantes : comment reconnaîtrez-vous que le changement que vous essayez de mesurer a pris effet ? Qu'est-ce qui aura changé pour vous montrer que vous avez atteint votre objectif ? 
Il peut s'agir de quelque chose d'aussi impossible à quantifier que d'avoir un responsable d'unité opérationnelle qui prend la parole à une réunion de la direction pour annoncer que les résultats de son unité auraient été impossibles à obtenir sans votre innovation. Même s'il est difficile à quantifier, ce type d'impact est important à saisir.
Vous aurez probablement besoin d'un mélange de mesures tangibles et intangibles ici. Les mesures intangibles, telles qu'un "compteur de popularité" qui fournit une évaluation subjective de l'implication, sont aussi importantes que de relier l'innovation à quelque chose de concret, comme la génération de revenus.
Le "quoi" s'intéresse à la conception des métrologies proprement dites. Voici quelques consignes pour concevoir de bonnes métrologies de l'innovation.
• Les métrologies doivent être claires. Cela paraît évident, mais ça ne l'est généralement pas. Dans ce cas, le vieil adage s'applique : il est plus important d'être totalement clair et d'avoir presque raison que d'avoir complètement raison et d'être presque clair. Choisissez un ensemble réduit de métrologies très claires et développez cet ensemble judicieusement. 
Tout le monde doit comprendre sans trop d'efforts ce que la métrologie tente de mesurer. Les métrologies vagues sèment le doute et la discorde et finissent par saper l'exercice de mesure de l'innovation en général. Cinq métrologies claires sont préférables à quinze métrologies floues.
• Notez qu'être clair n'est pas la même chose qu'être objectif. Arrive un moment où, si vous essayez de mesurer des résultats intangibles, tels qu'une augmentation de la collaboration entre les équipes, vous serez confronté au problème des métrologies subjectives. La subjectivité n'invalide pas une métrologie. 
Lorsque vous mesurez l'impact de l'innovation sur l'environnement de travail tôt dans l'effort, par exemple, l'équipe en charge de l'innovation peut et doit donner sa meilleure évaluation d'éléments tels que "la prise de risque" ou "l'énergie" en notant à quelle fréquence les membres d'équipes entendent les employés parler de la campagne d'innovation ou de nouvelles idées. Que disent les personnes dans les ascenseurs et à la cafeteria ? De quoi parlent-elles sur les réseaux sociaux internes, s'ils sont utilisés ?
• Ces évaluations qualitatives subjectives sont aussi importantes que l'analyse quantitative et, comme indiqué dans le présent article, elles servent de substituts en amont pour une mesure plus objective des résultats. En d'autres termes, mieux vaut une subjectivité lucide qu'une objectivité confuse*.
• Les métrologies doivent être pertinentes sur un plan personnel. Cela vaut particulièrement si les métrologies sont censées capturer des changements dans le comportement ou la culture (ce qui doit être le cas de certaines d'entre elles). Vérifiez que vos métrologies captent les changements individuels, et pas seulement les résultats opérationnels. 
La mesure de la contribution de l'effort d'innovation à la valeur pour les actionnaires, par exemple, est vouée à la confusion et a peu de chance de motiver les employés individuels à passer à l'action. Mesurez des choses qui ont à voir avec l'identité des participants, comme la mise en avant de la prise de risques ou la tolérance à l'échec.
• Les métrologies doivent être exploitables. Savez-vous ce que vous allez faire avec la métrologie ou comment elle modifiera le comportement ? Si la métrologie ne conduit à aucun changement, modifiez-la. Par exemple, si vous êtes en dessous de votre objectif pour les "fonds d'investissement dédiés à l'innovation", pouvez-vous changer quelque chose pour améliorer ce chiffre ?
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